Anna Karénine
Aujourd'hui, petite chronique cinéma ^_^
L'autre jour, je suis allée voir Anna Karénine, film de Joe Wright avec (entre autres) Keira Knightley et Jude Law. Autant dire que je m'attendais à voir un film en costumes, romantico-tragique comme ils le sont en général et conformément au roman éponyme de Léon Tolstoï.
Eh bien, j'ai vite été détrompée ! Dès les premières secondes le ballet commence. Car c'est bien sur le modèle du ballet qu'est construit le film, où les transitions de scènes sont chorégraphiée avec brio, dans un tourbillon magnifique où les acteurs glissent d'une situation à l'autre, les figurants changent de costume et les décors (en bois, en carton, comme à l'opéra) se lèvent et s'abaissent en rythme.
La narration, du coup, se centre sur l'essentiel, à savoir les évènements ou dialogues qui déroulent l'intrigue. Pas d'entrée en scène, d'installation d'ambiance, tout s'enchaîne pour aller à l'essentiel. Ah, la scène d'introduction, ou plutôt la première demi-heure de film tout entière, l'ennivrante scène du bal... Autant de joyaux de mise en scène, et de pur bonheurs pour les yeux autant que pour les oreilles !
En effet, la musique n'est pas en reste : airs classiques ou chants tradditionnels russes, les mélodies s'enchaînent et ne se ressemblent pas, accompagnant les changements de décor et d'ambiance.
Un jeu sur la scène de théâtre est également mené : tantôt sur scène, tantôt dans les coulisse ou parmis le public, les personnages changent de place en permanence... Qui joue, qui est regardé et qui est spectateur ? Les rôles s'inversent et se bouleversent, dans une société où le rang et la juste place comptent plus que tout.
Parlons un peu des costumes, maintenant. Si l'on ne fait pas attention, on croira effectivement qu'il s'agit d'un film "en costumes", au sens historique du terme : larges robes à crinoline, coiffes de plumes et rangs de perles, les silhouettes sont caractéristiques de la fin du XIXe siècle, époque où se déroule l'histoire d'Anna Karénine. Toutefois, une attention un peu plus poussée permet de révéler des détails plus que modernes : bouillonnées de soie et tulle sur les jupons, asymétrie des décolletés... les coupes sont bien modernes ! Pour un peu, on se croirait à un défilé de la maison Dior, grandiose.
Imaginez enfin que tout cela est porté par des acteurs d'exception : Keira Knightley qui ne cesse de démontrer qu'elle est une véritable actrice, bien au-delà des Pirates des Caraïbes qui l'ont lancée ; Jude Law, quasi-méconnaissable (j'ai mis la moitié du film à me rendre compte de qui il jouait) ; et tant d'autres acteurs connus (de moi) pour leurs rôles dans des séries que j'affectionne : Holliday Grainger de The Borgias, Kelly MacDonald de Bordwalk Empire, Michelle Dockery de Downton Abbey...
Ceci dit, je ne le nierai pas, beaucoup n'ont pas aimé le film.
Des journalistes de Télérama notamment, qui comme d'habitude crachent sur ce qui n'est pas de leur goût -forcément le bon-, mais également la totalité des spectateurs de la salle dans laquelle j'étais, ou peu s'en faut... Commentaires assassins à la sortie, deux ou trois personnes sont même parties en cours de séance ! Je crois comprendre pourquoi : le film n'est pas ce que l'on attend qu'il soit (une adaptation fidèle mais sans imagination d'un roman classique), et il faut savoir apprécier l'esthétique d'un film tout autant, sinon plus, que le déroulé narratif, "l'intrigue" dont onconnait ici la conclusion.
En bref, un film beau, au sens noble, qui vous emporte dans une danse sublime mais tragique.